L’ombre du monde

« L’ombre du monde » sous-titré « Une anthropologie de la condition carcérale » est un livre de Didier Fassin.

ombre monde« Invention récente puisqu’elle n’a guère plus de deux siècles, la prison est devenue, partout dans le monde, la peine de référence. L’atteste, en France, le doublement de la population carcérale au cours des trois dernières décennies. Comment comprendre la place qu’elle occupe dans la société contemporaine ? Et comment expliquer que le tournant punitif affecte avec une telle intensité certaines catégories de personnes ? Pour tenter de répondre à ces questions, Didier Fassin a conduit au long de quatre années une enquête dans une maison d’arrêt.

Analysant l’ordinaire de la condition carcérale, il montre comment la banalisation de l’enfermement a renforcé les inégalités socio-raciales et comment les avancées des droits se heurtent aux logiques d’ordre et aux pratiques sécuritaires. Mais il analyse aussi les attentions et les accommodements du personnel pénitentiaire, les souffrances et les micro-résistances des détenus, la manière dont la vie au dedans est traversée par la vie du dehors. La prison apparaît ainsi comme à la fois le reflet de la société et le miroir dans lequel elle se réfléchit. Plutôt que l’envers du monde social, elle en est l’inquiétante ombre portée.

Didier Fassin est professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d’études à l’EHESS. Il a notamment publié La Force de l’ordre (Seuil, 2011) et La Raison humanitaire (Hautes Études-Gallimard-Seuil, 2010). »

(Source : http://www.seuil.com/livre-9782021179576.htm)

Interview de l’auteur sur France Culture : écouter ici.

Livre « Dans une prison de femmes »

Le Mot de l’éditeur : Dans une prison de femmes

Pendant plus de six mois,  la juge Isabelle Rome a visité des femmes emprisonnées à la maison d’arrêt de Versailles. Une démarche inédite pour un magistrat. Elle rencontre Sophie, incarcérée alors qu’elle avait encore les fils de sa césarienne et qui ne voit son 2912954-couvprisons-femme-romedef-jpg_2548674bébé qu’une fois par mois ; Berry, condamnée à dix-huit ans de réclusion criminelle qui attend depuis un an d’être rejugée en appel ; Soumia détenue depuis l’âge de quinze ans, devenue accro à l’héroïne après un premier long passage en prison ; ou encore Poulomy qui écrit le courrier pour les autres et qui se bat pour préparer une thèse sur « le sens de la peine »…   Elle  évoque  la lucidité d’Estelle, cadre pénitentiaire, qui rappelle que la vie parfois bascule et que « chacune et chacun d’entre nous pourrait se retrouver là », ou le sourire de Magali qui aime « être fraîche et bien coiffée » pour ouvrir la porte de la cellule au petit matin. Elle raconte les silences, les portes demeurées fermées de certains services et les rendez-vous reportés, puis manqués, avec des professionnels parfois réticents à témoigner de leur activité.
Isabelle Rome dresse un tableau sans complaisance du quotidien des femmes en prison. Elle interpelle aussi notre société sur le sens et l’efficacité de la peine, au moment où la France bat un triste record, avec un chiffre inégalé de plus de 80 000 détenus.
Plus jeune juge de France, Isabelle Rome n’a que 23 ans lorsqu’elle est nommée en 1987 juges de l’application des peines à Lyon. Impliquée dans plusieurs associations d’aide aux détenus, elle rejoint quelques années la Délégation interministérielle à la Ville. Conseillère technique de la garde des Sceaux en 2001, puis juge des libertés et de la détention jusqu’en septembre 2012, elle est désormais conseillère à la cour d’appel de Versailles. Elle a publié en octobre 2012 « Vous êtes naïve madame le juge » aux Éditions du Moment.

 

Un témoignage très représentatif des problèmes rencontrés au quartier femmes de la Maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne.

« Passés par la case prison », le dernier livre de l’OIP

passé par la case prisonPassés par la case prison (éd. La Découverte, 17 €) est issu de la rencontre entre huit anciens détenus et huit écrivains : Olivier Brunhes, Philippe Claudel, Marie Darrieussecq, Virginie Despentes, Nancy Huston, Mohamed Kacimi, Pierre Lemaitre et Gérard Mordillat.

De ces rencontres sont nés huit textes, en forme de portraits, ou de tranches de vie. Des récits qui montrent la complexité des histoires, des contextes et des raisonnements singuliers qui mènent derrière les barreaux et bousculent les représentations. Ainsi, Christophe « mène une vie agréable mais […] s’ennuie un peu, cherche des émotions plus nerveuses que celles qui lui offre un travail stable, se met à déraper, découvre combien la peur peut-être un stupéfiant sans limite, finalement tente un gros coup, sans haine ni violence comme disait l’autre, se fait prendre. Fin de l’aventure. » (Matière de l’humain par Philippe Claudel).

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